Page 1 Page 2 Page 3 Page 4 Page 5 Page 6 Page 7 Page 8 Page 9 Page 10 Page 11 Page 12 Page 13 Page 14 Page 15 Page 16 Page 17 Page 18 Page 19 Page 20 Page 21 Page 22 Page 23 Page 24 Page 25 Page 26 Page 27 Page 28 Page 29 Page 30 Page 31 Page 32 Page 33 Page 34 Page 35 Page 36 Page 37 Page 38 Page 39 Page 40 Page 41 Page 42 Page 43 Page 44 Page 45 Page 46 Page 47 Page 48 Page 49 Page 50 Page 51 Page 52 Page 53 Page 54 Page 55 Page 56 Page 57 Page 58 Page 59 Page 60 Page 61 Page 62 Page 63 Page 64 Page 65 Page 66 Page 67 Page 68 Page 69 Page 70 Page 71 Page 72 Page 73 Page 74 Page 75 Page 76 Page 77 Page 78 Page 79 Page 80 Page 81 Page 82 Page 83 Page 84 Page 85 Page 86 Page 87 Page 88 Page 89 Page 90 Page 91 Page 92 Page 93 Page 94 Page 95 Page 96 Page 97 Page 98 Page 99 Page 100 Page 101 Page 102 Page 103 Page 10444 Derrière les barreaux de la cage dorée – la liberté Milan Chlumsky «Chaque soir et chaque matin Certains naissent pour le chagrin, Chaque matin et chaque soir Certains naissent pour les plaisirs mondains. Certains naissent pour les plaisirs mondains, Certains naissent pour une nuit sans fin.» William Blake, Auguries of Innocence, 1800–1803 cité par The Doors dans «End of the Night» dans les années 1960 On peut supposer que peu de gens avaient connaissance des poèmes de William Blake avant qu’ils ne soient popularisés par les versions musicales des Doors ou de Patti Smith à partir des années 1960. C’est cette popularité qui a permis au metteur en scène américain Jim Jarmusch de mettre les vers de Auguries of Innocence (et de Songs of Innocence) dans la bouche de l’Indien Nobody, personnage principal de son film en noir et blanc Dead Man (1995), comme si toute la jeunesse scolarisée de Grande-Bretagne et des États-Unis avaient appris et connu ce poème. Dans ce subtil scénario de Jarmusch, où le personnage de Nobody croit à la réincarnation de William Blake, c’est plus au poète et à ses vers qu’il est fait allusion qu’au peintre et graveur que fut Blake. La formation du petit William avait pourtant commencé dans l’une des écoles d’art les plus éminentes de Londres, où il fut envoyé dès l’âge de dix ans. Après avoir brillam- ment réussi l’examen d’entrée à la Royal Academy de Londres, il serait probablement devenu l’un des plus célèbres peintres de son temps s’il ne s’était disputé avec Sir Joshua Reynolds, le directeur de l’Académie. Blake est donc devenu graveur (et l’inventeur de la gravure en relief) et l’auteur de poèmes qu’il illustrait lui-même. L’art gothique était pour lui le sommet de tous les arts, et il voyait en Dürer, Michel-Ange et Raphaël des artistes absolus. On ne s’étonnera guère que ce graveur, démodé en son temps et qui vécut dans la pauvreté, n’ait pas été reconnu et consacré comme peintre dans l’histoire de l’art, bien que les préraphaélites l’aient compté comme l’un des leurs pour avoir partagé sa passion du gothique. En tant que poète, Blake avait chanté la souveraineté de l’esprit et considéré l’élargissement de la conscience comme une étape indispensable vers une meilleure compréhension du monde, sans le recours aux drogues bien sûr. L’artiste était pour lui un allié direct de Dieu, le prêtre celui qui empêchait cette alliance. Il se désignait lui-même comme un « medium de la spiritualité poétique », ne faisant au contraire que rarement mention de son œuvre peinte – conservée aujourd’hui à la Tate Britain [ancienne- ment Tate Gallery] de Londres par exemple, mais aussi à New York et Boston. Ses biographes le caracté- risent comme un homme très pauvre, mais néanmoins très heureux. Prologue «La vie est pleine de grandes et petites prisons dans lesquelles nous prenons place de notre plein gré». Simon Raab, 2010