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Abondamment cité, le conseil esthétique de Jasper Johns reste à l’ordre du jour, bien qu’il résonne déjà depuis des années comme un mantra à travers une multitude d’ateliers, de galeries et de salles de cours. Mais la recette de ce maître moderne est d’une trompeuse simplicité ; à l’épreuve du temps, elle a de multiples implications et s’applique à un vaste éven- tail d’œuvres contemporaines. La maxime de Johns décrit la méthode de Simon Raab avec une grande précision. Fais quelque chose : applique de la peinture acrylique poly- mère sur des grandes feuilles d’aluminium ou d’acier. Transforme-le : ajoute une couche après l’autre de couleur transparente, avec intercale- ment de couches d’une matière transparente époxy et polyuréthane qui empêchent les teintes de se mélanger entre elles et de former un amal- game opaque. Puis transforme-le encore… Dans le cas de Raab, les trans- formations sont nombreuses : tordre, bosseler, plisser, froisser et malme- ner de multiples manières le support en métal peint. À l’issue de l’opération, ce qui était au départ une feuille d’apparence lisse et plane en aluminium ou en acier est devenu un bas-relief polychrome – hyper-poly- chrome, en fait, puisque les couleurs changent du tout au tout à chaque instant. Au cours de l’étape suivante, Raab monte l’image étincelante et multifacette sur un panneau de contreplaqué, lequel est entouré d’un cadre robuste, également scintillant. Enfin, pour préserver le relief unique de chaque œuvre, tous les plis, arêtes, pics et creux sont ren- forcés avec de la mousse structurée, injectée par l’artiste à l’arrière de l’ensemble. Le poids manifeste et la pure physicalité des objets fabriqués par Raab viennent en contrepoint du fait que de la lumière en émane – une lumière qui varie avec les déplacements du spectateur ou de la source lumineuse. La transparence joue un rôle clé dans l’obtention d’un tel effet de méta- morphose. Chaque couche d’acrylique glacée fonctionne comme une feuille de cellophane placée sur une surface réfléchissante. Si le résultat ressemble tant à de la lumière, c’est parce qu’il n’est autre que de la lumière. La teneur et la couleur de cette lumière sont affectées par le choix du métal : l’aluminium se déforme en plis arrondis et donne une teinte générale bleuâtre à l’image. Se pliant en crêtes froissées et déchi- quetées, suffisamment tranchant pour faire saigner l’artiste, l’acier confère aux couches de peintures le recouvrant une lueur chaude couleur d’étain. Au cours des cinq dernières années, Raab a créé et amélioré une forme d’art se situant à mi-chemin entre la peinture et la sculpture. Pour dési- gner ces œuvres hybrides, il a forgé le terme de parleau (parleaux au plu- riel). Alliage des vocables français « par » et « l’eau », cette notion évoque l’aspect captivant de la lumière traversant un liquide – un terme ainsi parfaitement adapté à ces œuvres qui nous font nous attarder dans l’éva- nescence du moment, nous permettant de le savourer. À proprement parler, au cours des cinq dernières années, les essais que Raab a effectués dans son studio de Santa Barbara pour manipuler la lumière ont fortement évolué, de même que son aptitude à contrôler toutes les subtilités de son médium éminemment complexe. C’est seule- ment une fois confrontés à ses premiers collages représentant des per- sonnalités littéraires telles que Norman Mailer et Kurt Vonnegut que nous prenons la pleine mesure de cette évolution fulgurante, ne déviant